Jeux vidéo pour ados : avec « Creaks », ça flippe au pays des merveilles

Ghada Choucri Mercredi 26 Août 2020-12:51:54 Jeunesse
Jeux vidéo pour ados
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Une forteresse sinistre, un labyrinthe dont il faudra s’échapper et des meubles qui prennent vie pour nous mettre des bâtons dans les roues… Lewis Carroll n’aurait pas fait mieux ! Bien que sa formule axée sur des épreuves de logique évolue peu, cet « escape room » fascine. A partir de 12 ans, rapporte le site Télérama. 

Tout commence à la manière d’un conte inquiétant, dans lequel les ténèbres kafkaïennes rencontreraient le surréalisme carrollien. Un jeune homme lit dans sa chambre vétuste à la nuit tombée. Comme par magie (noire), il découvre un passage secret le conduisant vers une forteresse souterraine labyrinthique, menacée par une créature géante. Ses grands yeux apeurés trahissent son désarroi. Et il y a de quoi : dans ce bas monde, les meubles les plus banals peuvent se métamorphoser en créatures féroces, prêtes à raccourcir sensiblement son espérance de vie. Trouver l’issue de ce labyrinthe aux mille dangers ne sera pas chose aisée… 

Des leviers et des poulies 

Loin d’épouser les codes du jeu de survie horrifique viscéral, Creaks lorgne plutôt sur ceux bien connus de l’« escape room ». Autrement dit, il s’agit pour le joueur de s’échapper d’une pièce à l’intérieur de laquelle il est enfermé, en interagissant avec des éléments du décor dans un ordre bien précis. Il est donc question d’actionner des leviers ou des poulies pour reconfigurer le terrain de jeu, afin de se frayer un chemin vers la sortie. 

Mais il est tout aussi impératif de prendre en compte les étranges menaces citées plus haut et leurs comportements spécifiques… et prévisibles : une commode-chien d’attaque se lance à nos trousses si l’on s’approche trop avant de regagner sa niche, un portemanteau-bipède lovecraftien copie tous nos mouvements à moins d’être entravé par un mur ou du mobilier, etc. Chaque fois qu’une ampoule s’allume au-dessus d’eux, ils reprennent leur forme inerte, tandis que leur danger est neutralisé. Creaks s’articule donc autour de cette double idée de fuir les sources d’effroi et de danger, tout en les utilisant comme des outils de progression. 

Un cachet monstre 

Bien que la courbe de difficulté soit réelle, Creaks peine à renouveler sa formule à mesure que les niveaux défilent. Mais les Tchèques d’Amanita Design – déjà responsables du mignon Chuchel – compensent cette mécanique de jeu classique par la splendide direction artistique, entre lumière faiblarde et ténèbres griffonnées. Le pouvoir de fascination de cette dernière procure cette envie irrépressible d’aller au bout de ce cauchemar surréaliste, descendant vidéoludique du cinéma d’animation des grands maîtres tchèques comme Jan Svankmajer et Josef Kábrt, dont la richesse et l’originalité ne demandent qu’à être partagées. En cela, Creaks constitue un point d’entrée idéal dans la folie hors norme des dessins animés de Bohême. 

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